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hypothèses cosmogoniques

création de chaleur, puisque ce sont toujours les mêmes corps qui alternativement se dissocient et se recombinent).

La dissociation des matières centrales du Soleil joue le même rôle qu’une augmentation de la chaleur spécifique. En effet, si est la chaleur spécifique, pour élever de degrés la température superficielle du Soleil, il faut fournir par unité de masse une quantité de chaleur

s’il faut, en outre, dissocier cette masse, on devra lui fournir une quantité de chaleur supplémentaire que nous pouvons représenter par

étant positif. La quantité de chaleur fournie en tout sera donc

tout se passe donc comme si la chaleur spécifique avait été au lieu de .

153.Plus la chaleur spécifique des parties centrales est grande, plus est considérable la provision de chaleur que représente la température du Soleil. Quelle température peut-on assigner au centre du Soleil ? Celle de la photosphère est d’environ 6 000° ; mais cette température n’est pas celle de toute la masse. Puisque, dans certaines parties de l’atmosphère terrestre, il s’établit une sorte d’équilibre adiabatique, on peut penser que, dans le Soleil, s’établit un régime analogue, les parties les plus comprimées étant les plus chaudes et les parties les moins comprimées, les plus froides. Dans ces conditions, le gradient de la température serait, d’après M. Arrhenius, de 9° par kilomètre pour une atmosphère d’hydrogène (en admettant que l’hydrogène soit devenu monoatomique aux hautes températures qui règnent dans le Soleil). Si l’on admet que ce même gradient se poursuit jusqu’au centre, on trouve 6 millions de degrés comme température centrale du Soleil. Il est inutile d’insister sur tout ce que des évaluations de ce genre présentent d’arbitraire et d’incertain ; mais, bien que la température superficielle soit faible, il n’en est pas moins vrai que la quantité de chaleur contenue dans le Soleil est énorme.

Ces diverses considérations nous montrent que tout a pu se passer comme si la chaleur spécifique du Soleil était très grande ; il en résulte que le Soleil aurait pu emmagasiner une provision de chaleur consi-