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CHAPITRE viii.

SUR L’ORIGINE DE LA CHALEUR SOLAIRE
ET DE LA CHALEUR TERRESTRE.


I. — Chaleur solaire.

139.Jusqu’ici c’est surtout au point de vue mécanique que nous avons envisagé le problème cosmogonique. Nous ne nous sommes pas encore préoccupé du point de vue thermodynamique. Nous allons aborder cette face du problème, et rechercher l’origine de la chaleur solaire.

Cette question s’est imposée lorsque, vers le milieu du siècle dernier, on est arrivé à se rendre compte de la quantité énorme de chaleur que le Soleil perd par an. Les différentes mesures que l’on possède de la constante solaire, c’est-à-dire de la quantité d’énergie rayonnée par le Soleil, sont loin d’être d’accord ; mais les nombres, tout en variant du simple au double, nous renseignent sur l’ordre de grandeur de cette quantité d’énergie. Nous adopterons ici les chiffres de Pouillet bien qu’ils paraissent un peu trop faibles.

Un mètre carré de surface terrestre, exposé normalement aux rayons du Soleil, reçoit de cet astre une quantité de chaleur égale à 0,3 grande calorie par seconde. En multipliant ce chiffre par le rapport du carré de la distance du Soleil à la Terre au carré du rayon du Soleil, on trouve que, de chaque mètre carré de surface du Soleil, il sort par seconde 13 900 grandes calories : cela représente une perte de 6 millions de kilogrammètres par mètre carré de surface solaire et par seconde. En multipliant le chiffre 13 900 par la surface du Soleil, évaluée en mètres carrés, et par le nombre de secondes contenues dans une année, ou trouve que le Soleil perd 2,7.1020 grandes calories par an.

Si nous supposions que le Soleil a la même chaleur spécifique que l’eau, il serait aisé de calculer de combien s’abaissera par an la tem-