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hypothèse de sir g. h. darwin

Dans l’état initial, la durée de révolution de la Lune, 5h,36, était courte et par suite la distance de cet astre à la Terre était faible : le calcul montre que cette distance était de 21/2 rayons terrestres. Donc, d’après les idées de Sir G. H. Darwin, la Lune aurait pris naissance tout près de la Terre, et son orbite se serait peu à peu élargie et dilatée. Nous remarquons là un contraste complet avec la théorie de Faye selon laquelle, nous l’avons vu, le satellite se formerait très loin de l’astre central, son orbite se rétrécissant peu à peu à mesure que la masse de l’astre central augmenterait par suite de la condensation.

101.Dans tout ce qui précède, nous avons regardé , moment d’inertie de la Terre, comme constant. Or, la Terre, en se contractant par suite du refroidissement, diminue de volume et décroît. Nous étudierons un peu plus loin l’effet qui en résulte. Cependant disons dès maintenant que, pour la Terre, cet effet paraît peu important et ne change pas beaucoup l’allure générale des phénomènes.

102.Pour le système Terre-Lune, le point représentatif actuel P (fig. 26) est assez voisin du point D, puisque est sensiblement plus grand que Par conséquent, ce système est relativement assez près de son état final.

Si nous nous occupons maintenant des systèmes formés par les autres planètes et leurs satellites, nous constatons, au contraire, que le rapport se trouve être extrêmement petit. Par conséquent, leur point représentatif, au lieu d’être voisin du point D, est voisin du point C. Ces systèmes sont donc beaucoup plus près de leur état initial que de leur état final. Cela tient à ce que, pour ces systèmes, la masse des satellites est extrêmement faible par rapport à la masse de la planète ; les marées sont donc peu importantes et n’ont pas encore eu le temps de produire un effet considérable.

Pour le système formé par le Soleil et l’ensemble des planètes, la masse des planètes est sans doute fort petite par rapport à celle du Soleil, mais les rayons de gyration sont très grands, et l’on constate que le rapport est aussi très grand. Il semble donc que ce système doive être très près de son état final. Mais cette affirmation ne supporte pas l’examen. Les planètes, en effet, produisent sur le Soleil des marées qui retardent sa rotation ; et c’est de ces marées qu’il faut