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hypothèse de m. du ligondès

projectiles A et B viennent à se toucher physiquement. Ces chocs véritables se font toujours avec perte de force vive, et par suite avec tendance à la concentration, parce que les matériaux cosmiques ne sont pas parfaitement élastiques mais plutôt mous.

Les demi-chocs, dans la nébuleuse, sont certainement beaucoup plus fréquents que les chocs véritables. Par suite, malgré la possibilité de ceux-ci, les vitesses auront tout d’abord une tendance à se répartir selon la loi de Maxwell, les projectiles les plus gros prenant une vitesse moindre que les plus petits. L’effet concentrateur des chocs véritables produira quelques grosses agglomérations. Ces grosses agglomérations, en vertu de la loi de Maxwell (que les demi-chocs tendent toujours à maintenir), prendront une vitesse relative assez faible par rapport au centre de gravité de la région où chacune d’elles se trouve. Comme la nébuleuse entière, assimilée à une masse gazeuse, tend, par suite du frottement, à tourner d’un seul bloc comme le ferait un corps solide, les grosses agglomérations tendront finalement à prendre une vitesse peu différente de celle qui correspond à une rotation uniforme autour d’un axe.

Dans ces conditions, reconnaissons que les inclinaisons des orbites des grosses agglomérations sur le plan équatorial vont tendre à diminuer. Soient O le centre de la nébuleuse, Π le plan équatorial du maximum des aires et V la vitesse actuelle d’une grosse agglomération P (fig. 20). Cette vitesse tend à se rapprocher de la vitesse V′ qui Figure 20
fig.20.
correspondrait à une rotation uniforme autour d’un axe O perpendiculaire ou plan Π. Or il est manifeste que le plan OPV′ est moins incliné sur le plan Π que le plan OPV. Il y a donc à chaque instant tendance à la diminution de l’inclinaison de l’orbite de P, qui finira par se rapprocher du plan Π.