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Il y a d’ailleurs une autre raison qui empêche de songer à employer ces ondes courtes.

Righi a bien pu obtenir des ondes très courtes, mais avec de très petits excitateurs de capacité très petite, où l’on ne peut, par conséquent, accumuler que très peu d’électricité, c’est-à-dire très peu d’énergie. Les effets deviennent alors trop faibles pour pouvoir être utilisés en télégraphie.

3. Quantité d‘énergie transmise. — Donc, pas de concentration possible. On comprendra combien la difficulté est grande si l’on se rend compte de la faiblesse de l’énergie produite dans un excitateur et c’est ce qu’on. pourra faire à l’aide de la comparaison suivante. A chaque décharge, une certaine quantité d’énergie est accumulée dans l’excitateur. C’est elle qui produit les oscillations et ces oscillations se poursuivraient indéfiniment si cette énergie ne se dissipait pas. Mais elle se dissipe de deux manières : d’abord par rayonnement, elle se communique à l’éther ambiant sous forme d’ondes hertziennes ; c’est cette partie de l’énergie qui est utilisable. Ensuite par la résistance des conducteurs, qui agit sur les oscillations électriques comme le frottement agirait sur un pendule, de sorte que, les conducteurs s’échauffant, une partie de l’énergie est transformée en chaleur, et définitivement perdue. C’est le petit espace où l’étincelle éclate qui est de beaucoup le plus résistant, de sorte que presque toute cette énergie perdue est employée à produire la lumière et la chaleur de l’étincelle.

A première vue, et en nous contentant d’une évaluation grossière, nous pouvons admettre que l’énergie ainsi perdue est le dixième de l’énergie totale. Mais toute cette énergie perdue ne se retrouve pas sous forme de lumière visible ; la plus grande partie prend la forme de chaleur obscure. Toutefois, comme la température de l’étincelle est énorme, et par conséquent le rendement lumineux très bon, on peut admettre qu’un dixième de l’énergie de l’étincelle est de la lumière visible. A ce compte, l’énergie de la lumière de l’étincelle serait le centième de celle des ondes hertziennes ; toutes choses égales d’ailleurs, elle devrait donc pénétrer dix fois moins loin. (Je dis dix fois, à cause de la loi du carré des distances.) Si donc la rétine humaine avait la même sensibilité que les appareils qui décèlent les ondes hertziennes à 300 kilomètres, nous devrions voir l’étincelle à 30 kilomètres et cela sans le secours d’aucun