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la théorie de maxwell

cette longueur est de quelques dix—millièmes de millimètre, on a les radiations visibles, si elle est de quelques centimètres ou de quelques mètres on a les radiations hertziennes ; de sorte qu’en passant des ondes les plus courtes aux ondes plus longues, on rencontre successivement les rayons chimiques ultraviolets invisibles, les rayons violets, bleus, verts, jaunes, rouges, les rayons calorifiques invisibles et enfin les rayons hertziens, de sorte qu’il n’y a pas d’autre différence entre ceux-ci et la lumière visible qu’entre la lumière verte et la lumière rouge.

Mais alors, si la lumière ordinaire permet d’envoyer au loin des signaux par la télégraphie optique, pourquoi la lumière hertzienne, si je puis m’exprimer ainsi, ne donnerait-elle pas aussi une solution du problème de la télégraphie sans fil ?

2. Impossibilité de concentrer les radiations. — La télégraphie optique dispose, il est vrai, d’une ressource qui fait défaut à la télégraphie hertzienne ; elle concentre la lumière par le moyen de lentilles et de miroirs, transforme les rayons divergents, émanés d’une source, en un faisceau de rayons parallèles et les envoie dans une seule direction. Avec des radiations hertziennes, c’est-à-dire avec des ondes de grande longueur, cela n’est plus possible.

On dit communément que la lumière se propage en ligne droite, mais cela n’est qu’à peu près vrai ; sur les bords d’un faisceau lumineux, les rayons s’écartent plus ou moins de leur trajectoire rectiligne et ce phénomène qu’on appelle diffraction est d’autant plus accentué que la longueur d’onde est plus grande. Si la lumière visible se propage sensiblement en ligne droite et suit les lois connues de la réflexion et de la réfraction, c’est parce que sa longueur d’onde est plus petite qu’un millième de millimètre, extrêmement petite, par conséquent, par rapport aux dimensions des obstacles qu’elle rencontre, des lentilles qu’elle traverse, des miroirs qui la réfléchissent.

Pour concentrer les ondes hertziennes, il faudrait donc des lentilles énormément plus grandes que la longueur de ces ondes ; sans cela, le phénomène de diffraction deviendra prépondérant et la réfraction ne se fera plus régulièrement. Avec des ondes de quelques mètres, il faudrait donner aux lentilles un diamètre de plusieurs kilomètres ; avec des ondes de quelques centimètres, il faudrait encore de très grandes lentilles.