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La source lumineuse, à un instant quelconque, n’envoie pas non plus une quantité égale d’énergie dans tous les sens ; il y a aussi un maximum à l’équateur ; seulement, en un dixième de seconde, l’équateur a si souvent varié, qu’il a pris toutes les orientations possibles, et il en résulte que notre œil, qui ne perçoit que des moyennes, constate un éclairement uniforme.

Que faudrait-il donc pour avoir une synthèse parfaite de la lumière? il faudrait concentrer dans un petit espace, un nombre immense d’excitateurs qui seraient orientés dans tous les sens ; il faudrait faire fonctionner ces excitateurs simultanément ou successivement mais sans interruption, de façon que le second entrât en branle avant que les vibrations du premier eussent complètement cessé. Il faudrait enfin, pour constater les effets, un instrument qui enregistrerait les énergies moyennes et qui serait comme une rétine dont les impressions persisteraient pendant des trillions d’oscillations hertziennes.

Ce qu’on obtiendrait ainsi ce serait l’analogue de la lumière blanche, quand même tous ces excitateurs auraient même période, à cause de l’amortissement.

Pour avoir quelque chose d’analogue à une lumière sensiblement monochromatique, il faudrait que les excitateurs eussent non seulement à peu près même période, mais encore un amortissement extrêmement faible.

3. Explication des ondes secondaires. - J’ai parlé, page 80, des ondes secondaires qu’a découvertes Righi et qui émanent des résonateurs ou des masses diélectriques placés dans le voisinage d’un excitateur. Ces phénomènes ne semblent pas d’abord avoir d’analogie optique.

On ne saurait les comparer à ce qui se passe quand un corps, absorbant la lumière qui le traverse, s’échauffe assez pour devenir lumineux à son tour. Dans ce cas, la transformation ne se fait pas directement, et il faut passer par l’intermédiaire de la chaleur ; de plus, il n’y a aucune relation nécessaire entre la phase des vibrations émises par le corps incandescent et celles des vibrations excitatrices. Ces vibrations ne pourraient donc interférer entre elles.

Il ne faut pas davantage comparer avec les phénomènes de phosphorescence, car les vibrations émises parle corps phosphorescent ne peuvent pas non plus interférer avec les vibrations excitatrices.