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la théorie de maxwell

que proviennent diverses anomalies que l’on n’a pu expliquer jusqu’ici.

A ce compte, la petitesse de notre corps et de tous les objets dont nous nous servons serait le seul obstacle à une synthèse parfaite. Pour des géants, qui compteraient habituellement les longueurs par milliers de kilomètres, c’est-à-dire par millions de longueurs d’onde des excitateurs hertziens, qui compteraient les durées par millions de vibrations hertziennes, les rayons hertziens seraient tout à fait ce qu’est pour nous la lumière.

2. Autres différences. — Malheureusement il y a encore d’autres différences, et d’abord les oscillations hertziennes s‘amortissent très rapidement, tandis que la durée des oscillations lumineuses se compte par trillions de vibrations. C‘est ce qui, nous l’avons vu, explique les phénomènes de la résonance multiple qui n’ont pas d’analogues en optique.

Ce n’est pas tout : rappelons-nous ce que c’est que la lumière naturelle : pendant un dixième de seconde (c’est-à-dire pendant la durée de la persistance des impressions rétiniennes), l’orientation de la vibration, son intensité, sa phase, sa période changent des millions de fois : et cependant elles se maintiennent sensiblement constantes pendant des millions de vibrations. Le nombre des vibrations en une seconde se compte en effet par millions de millions.

Il est loin d’en être de même avec les vibrations hertziennes :

1° Elles ne prennent pas toutes les orientations possibles comme celles de la lumière naturelle ; elles conservent une orientation constante comme celles de la lumière polarisée.

2° Leur intensité, loin de se maintenir constante pendant des millions de vibrations, décroît très rapidement de façon à s’annuler après un petit nombre d’oscillations. Quand elles sont éteintes, elles ne recommencent pas immédiatement avec une nouvelle intensité, une phase et une orientation différentes ; mais il se fait un long silence, beaucoup plus long que ne l’a été la période d’activité, et qui n’est rompu que quand fonctionne de nouveau le trembleur de Ruhmkorff.

Nous avons vu, page 65, que l’énergie rayonnée par un excitateur n’est pas la même dans toutes les directions, qu’elle est maxima vers ce que nous avons appelé l’équateur et nulle vers les pôles. Pourquoi ne retrouve-t-on pas les mêmes lois avec la lumière?