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nous l'avons vu, 6 millimètres ; les ondes rouges, les plus longues de celles qui excitent la rétine ont 7/10 millièmes ; elles sont donc 10.000 fois plus courtes ; mais il existe dans le spectre solaire des ondes beaucoup plus longues qui sont sans action sur la rétine et ne se révèlent à nous que par leurs effets calorifiques ; ce sont les ondes infrarouges ; parmi elles nous distinguerons celles que Rubens a récemment isolées sous le nom de rayons restants et dont la longueur d’onde est de 20 à 30 microns. Parmi les ondes d’origine optique, ce sont les plus longues, celles qui se rapprochent le plus des ondes électriques ; elles sont encore 200 fois plus courtes.

2. Interférences. — Nous avons parlé plus haut, au chapitre IX, des interférences qui se produisent entre les rayons électriques directement émanés de l’excitateur et ceux qui se sont réfléchis sur un miroir métallique. Dans ces expériences, les deux rayons interférents, le rayon direct et le rayon réfléchi, marchent en sens contraire.

On se trouve donc dans des conditions très différentes des appareils optiques destinés à l’étude des interférences, où les deux rayons marchent dans le même sens en se coupant sous un angle très aigu. Plus cet angle est aigu, plus les franges d’interférence sont larges et par conséquent faciles à observer. C’est pour cette raison qu’en optique on ne fait pas ordinairement interférer deux rayons de sens contraire, ce qui donnerait des franges de quelques dix-millièmes de millimètre seulement.

C’est seulement tout récemment que Wiener a réussi à observer des franges optiques obtenues dans ces conditions. Ce sont aussi des franges de cette nature qui se produisent dans la photographie des couleurs de M. Lippmann. On sait que ce savant place la plaque sensible sur une couche de mercure qui joue le rôle de miroir. Le rayon direct interfère avec le rayon réfléchi sur le mercure et qui marche en sens contraire, et il se produit dans la couche sensible une série de franges équidistantes. Ces franges sont tout à fait analogues aux franges électriques étudiées au chapitre IX.

Mais Righi a réalisé une meilleure imitation des expériences habituelles d’interférence. Il fait réfléchir les ondes électriques sur deux miroirs qui font entre eux un petit angle. Si l’on a soin de protéger par un écran métallique le résonateur contre l’action du rayon direct, on peut étudier l’interférence des deux rayons réfléchis. C’est l’expérience des deux miroirs de Fresnel.