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  • CHAPITRE IX

PROPAGATION DANS L’AIR


1. L‘experimentum crucis. — Toutes les expériences que j’ai relatées jusqu’ici sont incapables de décider entre la théorie ancienne et celle de Maxwell.

Les deux théories font prévoir que les perturbations électriques doivent se propager le long d’un fil conducteur avec une vitesse égale à celle de la lumière. Toutes deux rendent compte du caractère oscillatoire de la décharge d’une bouteille de Leyde et par conséquent des oscillations qui se produisent dans un excitateur. Toutes deux font prévoir que ces oscillations doivent produire dans le champ environnant des forces électromotrices d’induction et par conséquent ébranler un résonateur placé dans ce champ.

Mais, d’après l’ancienne théorie, la propagation des effets d’induction doit être instantanée. Si, en effet, il n’y a pas de courants de déplacement, si par conséquent il n’y a rien au point de vue électrique dans le diélectrique qui sépare le fil inducteur du fil induit, il faut bien admettre que l’effet se produit dans le fil induit au même moment que la cause dans le fil inducteur ; car dans l’intervalle, s’il y en avait un, la cause aurait cessé dans le fil inducteur, l’effet ne se serait pas encore produit dans le fil induit, et il n’y aurait rien dans le diélectrique qui est entre ces deux fils, il n’y aurait donc rien nulle part. La propagation instantanée de l’induction est donc une conséquence à laquelle l’ancienne théorie ne peut échapper.

D’après la théorie de Maxwell, l’induction doit se propager dans l’air avec la même vitesse que le long d’un fil, c’est-à-dire avec la vitesse de la lumière.

Voilà donc l’experimentum crucis ; il faut voir avec quelle vitesse se propagent par induction les perturbations magnétiques à travers l’air.

Si cette vitesse est infinie, il faudra conserver l’ancienne