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la théorie de maxwell

que les intensités varient conformément à cette loi, mais que la seconde explication est la vraie.

Il fallait d’abord vérifier l’hypothèse fondamentale sur laquelle repose cette seconde explication, à savoir que l’amortissement de l’excitateur est beaucoup plus rapide que celui du résonateur.

J’ai dit plus haut, page 36, comment M. Bjerknes mesure l’amortissement d’un résonateur.

Pour un excitateur, il a obtenu comme « décrément logarithmique » 0,26, tandis qu’il obtenait pour deux résonateurs 0,002 et 0,034. Ce qui veut dire que, pour régler l’amplitude à la dixième partie de sa valeur initiale, il suffit de 9 oscillations dans le cas de l’excitateur, tandis qu’il en faut plus de 60 et plus de 1000 dans le cas d’un et de deux résonateurs.

La vibration d’un excitateur s’amortit donc beaucoup plus vite que celle d’un résonateur.

6. Expériences de Strindberg. — Pour compléter la confirmation, il fallait montrer que si, par un artifice quelconque, on arrive à rendre l’amortissement du résonateur plus rapide que celui de l’excitateur, les phénomènes sont inverses, c’est-à-dire que l’internœud ne dépend plus du résonateur, mais seulement de l’excitateur.

C’est ce qu’ont vérifié, indépendamment l’un de l’autre, M. Décombe en France et M. Nils Strindberg en Suède. Je ne puis écrire ce nom sans rappeler que M. Strindberg, non content de servir la science par son intelligence, a voulu la servir également par son courage. Il a accompagné M. Andrée dans son périlleux voyage aéronautique dans les régions polaires et y a trouvé la mort.

Pour réaliser l’expérience, il s’agissait de diminuer l’amortissement de l’excitateur et d’augmenter celui du résonateur.

Pour diminuer l’amortissement de l’excitateur, il fallait d’abord supprimer la perte d’énergie due à l’étincelle. Cela semble irréalisable, puisque, sans interrupteur, le déclenchement du pendule électrique n’est pas possible et ce pendule ne peut pas entrer en branle. M. Strindberg s’en tire par un artifice simple. Un premier excitateur est muni d’un interrupteur à étincelles, il agit par induction sur un second excitateur tout à fait semblable, mais qui, étant mis en mouvement par l’action du premier, peut être dépourvu d’interrupteur. Ce second excitateur