Page:Poincaré - La théorie de Maxwell et les oscillations hertziennes, 1904.djvu/51

Cette page n’a pas encore été corrigée

et la queue de l’onde aura également avancé de trois kilomètres ; de sorte que la distance de la tête à la queue n’aura pas changé et que la perturbation n’occupera encore sur le fil qu’une longueur d’un mètre.

Mais ces conditions théoriques ne sont pas réalisées avec les conducteurs naturels qui opposent aux courants, outre la self-induction, une résistance ohmique analogue au frottement. Qu’arrive-t-il alors? La tête de l’onde avancera toujours avec la même vitesse, celle de la lumière ; mais la queue avancera beaucoup moins vite, de sorte que la longueur occupée par la perturbation deviendra de plus en plus grande. Ainsi s’allonge sur une route une colonne qui laisse derrière elle des traînards. C’est ce qu’on appelle la diffusion du courant.

La diffusion est d’autant moins à craindre que la période des oscillations est plus courte. Pratiquement, on peut dire qu’avec les oscillations hertziennes, il n’y a plus de diffusion, et que tous les conducteurs se comportent comme s’ils étaient parfaits.

Non que leur résistance ohmique devienne plus petite, elle est au contraire plus grande, puisque le courant n’utilise que la partie la plus superficielle de la section du conducteur. Mais la self—induction, qui dépend des variations du courant, croît beaucoup plus vite encore puisque ces variations sont extrêmement rapides, et la résistance ohmique devient négligeable devant la self-induction.

Telles sont les conséquences que la théorie ancienne et celle de Maxwell permettent de prévoir ; car sur ce point, les deux théories sont d’accord. Nous allons voir que ces prévisions sont confirmées par l’expérience.

4. Expériences de MM. Fizeau et Gounelle. — Les expériences de MM. Fizeau et Gounelle ont été faites en 1850, par une méthode fondée sur le même principe que le procédé célèbre de Fizeau pour la mesure de la vitesse de la lumière. Une roue de bois, qui tournait avec une grande rapidité avait sa circonférence divisée en trente-six secteurs alternativement en platine et en bois. Deux fils, terminés par un balai métallique qui frottait sur la circonférence de cette roue pouvaient ainsi être alternativement mis en communication métallique ou isolés l’un de l’autre. Il y avait aussi trois paires de balais disposés comme je vais l’expliquer.