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la théorie de maxwell

extrêmement mince. Bjerknes a vérifié cette prévision par un procédé ingénieux.

J’ai dit (page 36) comment ce savant mesure l’amortissement d’un résonateur. Cet amortissement dépend de la matière dont le fil est fait. Il n’est pas le même pour un résonateur en fer et pour un résonateur en cuivre.

Bjerknes recouvre, par électrolyse, le résonateur de fer d’une couche de cuivre et le résonateur de cuivre d’une couche de fer. Dès que l’épaisseur de cette couche atteint un centième de millimètre, le résonateur de fer se comporte comme s’il était en cuivre et le résonateur de cuivre comme s’il était en fer. Cela montre que les courants restent confinés dans une couche dont l’épaisseur est de l’ordre du centième de millimètre. Cet effet est conforme à la fois à l’ancienne théorie et à celle de Maxwell.

Mais la théorie de Maxwell permet de prévoir une autre particularité qui malheureusement, ne se prête guère à une vérification expérimentale directe. Les courants alternatifs qui circulent dans un fil, produisent des forces d’induction dans l’air qui entoure ce fil.

D’après Maxwell, ces forces d’induction doivent donner naissance dans l’air lui-même à des courants de déplacement. On aurait donc, avec les courants continus, des courants de conduction dans toute la masse du conducteur et rien dans l’air environnant ; on aurait au contraire avec les courants alternatifs de haute fréquence, des courants de conduction dans la partie superficielle du conducteur, rien dans la partie centrale, et des courants de déplacement dans l’air.

3. Vitesse de propagation et diffusion.Kirchhoff a cherché à calculer la vitesse de propagation d’une perturbation électrique quelconque. Il a supposé d’abord que le conducteur était parfait, et que le courant, ne rencontrant pas de résistance ohmique, n’avait à surmonter que la self—induction qui joue un rôle analogue à l’inertie. Dans ces conditions, il a démontré que la vitesse de propagation est égale au rapport des unités, c’est—à—dire à la vitesse de la lumière, 300 000 kilomètres par seconde.

De plus, la propagation se fait régulièrement : si la perturbation se trouve à l’origine confinée dans une certaine région du fil, longue d’un mètre par exemple, au bout d’un cent millième de seconde, la tête de l’onde aura avancé de trois kilomètres,