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la théorie de maxwell

quelque chose d’analogue à celle de « persistance des impressions » à laquelle notre rétine doit en partie sa sensibilité. On comparera le récepteur de Branly au bolomètre décrit plus haut ; dans les deux appareils, les oscillations hertziennes ont pour effet de faire varier la résistance d’un conducteur, parcouru par un courant continu ; mais la variation de résistance est due à deux causes très différentes ; dans un cas à l’échauffement du fil, dans l’autre à un contact plus intime entre les particules de limaille.

Le radioconducteur est d’ailleurs infiniment plus sensible ; nous le retrouverons dans les expériences de Bose au chapitre XI ; c’est lui aussi qui a rendu possible la télégraphie sans fil. A un certain point de vue on peut même dire que le cohéreur est un appareil trop sensible ; il n’admet d’ailleurs pas de nuances ; il fonctionne complètement ou ne fonctionne pas du tout, puisque ce n’est qu’un appareil de déclenchement. Il n’aurait donc pu remplacer le résonateur dans la mesure des longueurs d’onde ou dans les autres expériences que nous avons décrites plus haut.

Si Hertz n’avait connu que le cohéreur, il n’aurait jamais pu mettre en évidence la périodicité des vibrations électriques et mesurer les longueurs d’onde. En revanche pour toutes les applications pratiques, le cohéreur est un détecteur infiniment supérieur à tous les autres.

On s’est servi du radioconducteur pour rechercher si le soleil émet des radiations hertziennes ; le résultat a été négatif. Peut—être ces radiations sont-elles absorbées par l’atmosphère solaire.

Sans doute, l’expérience montre que les gaz à la pression ordinaire sont assez transparents pour ces radiations. Mais en est—il de même pour les gaz très raréfiés ? Nous avons vu qu’un tube de Geissler s’illumine dans un champ où se produisent des oscillations hertziennes. Il ne s’illumine pas sans absorber de l’énergie ; les gaz raréfiés absorbent donc les radiations hertziennes, et il est possible que celles que le soleil pourrait émettre soient absorbées par la partie supérieure des deux atmosphères, où la pression est très faible.

5. Détecteurs magnétiques. - Dans ces derniers temps M. Marconi a imaginé un détecteur fondé sur un principe totalement