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qu’un choc les force à s’écrouler ; dans les appareils autodécohérents ils seraient plus fragiles encore et disparaitraient dès que les radiations cesseraient de passer.

La plupart des physiciens ont adopté l’opinion de Lodge ; car plusieurs expérimentateurs ont pu observer directement sous le microscope la production des étincelles et la formation des ponts. Ils ne s’étaient pas placés, il est vrai, dans des conditions tout à fait identiques à celles de la télégraphie pratique.

Ce qui est plus difficile à expliquer, dans cette manière de voir, c’est le fonctionnement des cohéreurs où les grains de limaille sont noyés dans un diélectrique solide, tel que la paraffine. On suppose que les étincelles creusent dans la paraffine de petits canaux dont les parois se revêtent de poussière métallique. Dans les décohéreurs, elles agiraient en volatilisant de petits ponts métalliques préexistants, ou en réduisant partiellement en vapeur l’eau qui mouille les plaques. Mais tout cela reste très hypothétique.

4. Fonctionnement du cohéreur. — Le cohéreur doit être réglé ; pour cela on rapproche plus ou moins les deux électrodes pour faire varier la pression mutuelle des grains de limaille ; si cette pression est trop grande le courant passe toujours ; si elle est trop faible, les ondes hertziennes ne suffisent plus pour lui ouvrir le passage ; mais entre certaines limites la résistance qui est de l’ordre du mégohm devient subitement un million de fois plus petite sous l’influence des radiations et tombe à l’ordre de l’ohm.

Si l’on réfléchit à l’explication de Lodge, l’extrême sensibilité du cohéreur paraîtra moins extraordinaire. Pour qu’il fonctionne, il suffit que l’étincelle éclate et pour cela qu’à un montent quelconque la différence de potentiel atteigne une certaine limite (limite d’ailleurs très faible puisque les intervalles des grains de limaille sont microscopiques) ; tout dépend donc de l’ébranlement maximum. Or, celui-ci peut être considérable bien que l’énergie totale soit très faible parce que la durée de la perturbation est très courte.

Peu importe que ce maximum ne soit atteint que pendant un instant, car dès que l’étincelle a jailli, les ponts sont formés et livrent passage au courant de la pile locale. L’effet de l’onde persiste donc jusqu’à ce qu’un choc le fasse cesser. Il y a là