Page:Poincaré - La théorie de Maxwell et les oscillations hertziennes, 1904.djvu/44

Cette page n’a pas encore été corrigée
40
la théorie de maxwell

Les contacts multiples entre des grains de limaille ne sont pas indispensables ; on a pu réaliser des cohéreurs où il n’y a qu’un contact unique ou un petit nombre de contacts entre des pièces métalliques de dimensions sensibles, par exemple de petites billes ou de petits ressorts d’acier appuyés l’un sur l’autre.

On a construit d’autre part des cohéreurs où le contact sensible a lieu entre charbon et métal, ou entre charbon et charbon (comme dans les microphones). Ces cohéreurs jouissent d’une propriété importante : ils sont autodécohérents ; c’est—à-dire qu’après le passage de l’onde ils reprennent d’eux-mêmes leur résistance primitive, sans qu’il soit nécessaire de leur faire subir un choc. On conçoit que cette propriété puisse devenir précieuse pour les applications téléphoniques ; si on veut faire en effet de la téléphonie sans fil les signaux à transmettre sont les vibrations sonores, qui, pour les sons aigus, se succèdent très rapidement. Il serait donc impossible, par des moyens mécaniques, de rendre au cohéreur, après chaque vibration, sa résistance perdue.

Mentionnons, pour terminer, des appareils que l’on a appelés décohéreurs et dont la résistance augmente, au lieu de diminuer, sous l’influence des ondes hertziennes. Ces appareils ont reçu diverses formes. La plus remarquable se compose de plaques métalliques superposées. Le contact des deux plaques présente une certaine résistance qui diminue quand les plaques sont mouillées ; mais la résistance primitive reparaît quand les plaques mouillées sont soumises aux ondes électriques. Les décohéreurs n’ont pas toutefois jusqu’ici reçu d’applications pratiques.

3. Explication des phénomènes. — Tels sont les faits à expliquer. On a donné au tube à limaille deux noms différents : Lodge l’a appelé cohéreur et Branly radioconducteur. Ces deux dénominations correspondent à des idées théoriques très différentes. Branly suppose que les radiations hertziennes modifient le diélectrique qui sépare les grains de limaille. Lodge pense qu’entre ces grains les ondes hertziennes font éclater des étincelles qui percent les couches isolantes d’oxyde, arrachent des particules des grains de limaille et de ces particules forment des ponts qui soudent pour ainsi dire ces grains l’un à l’autre. Ces ponts, une fois formés, subsisteraient jusqu’à ce