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sera parcouru seulement par le. courant continu de la pile. Quand l’excitateur fonctionnera, le radioconducteur sera parcouru d’une part par le courant continu de la pile, d’autre part par des courants alternatifs très rapides dus à l’induction développée par l’excitateur ; mais dans ce dernier cas, les courants alternatifs diminuant la résistance, le courant continu de viendra beaucoup plus intense, ce que le galvanomètre indiquera.

Ordinairement le cohéreur est isolant parce que les contacts des graines de limaille entre eux sont mauvais ; et le courant de la pile ne passe pas. Mais si le cohéreur est frappé par une onde hertzienne, il devient conducteur, et le courant passe. Il suffit ensuite d’un choc léger pour lui faire perdre sa conductibilité et pour faire cesser le courant.

Ainsi, une onde très faible déclenche, pour ainsi dire, le courant de la pile, et rien n’empêche de prendre cette pile assez forte pour faire marcher un appareil Morse, soit directement, soit par l’intermédiaire d’un relais ; le courant de la pile décèlera ainsi la présence des ondes.

2. Théorie du cohéreur. — Le cohéreur a reçu bien des formes différentes. D’abord on a employé diverses limailles ou divers mélange de limailles. Une condition qui semble essentielle, c’est que les métaux employés soient légèrement oxydables ; il est probable que les grains se recouvrent d’une mince couche d’oxyde qui s’oppose au passage du courant. Des limailles de métaux inoxydables le laisseraient toujours passer. Toutefois la couche d’oxyde ne doit pas être trop épaisse. sans quoi le tube resterait isolant même en présence des oscillations hertziennes. C’est pourquoi M. Lodge conseille de sceller le tube et d’y faire le vide quand les métaux ont atteint un degré convenable d’oxydation. On peut obtenir aussi de bons résultats avec de la limaille d’argent, légèrement sulfurée à la surface, la couche de sulfure jouant alors le même rôle que la couche d’oxyde.

On a construit également des cohéreurs à limaille inoxydable, mais en prenant pour les électrodes des métaux oxydables. Il est probable alors que la résistance a lieu au contact de la limaille et des électrodes.

C’est par tâtonnement qu’on est arrivé au mélange le plus avantageux ; celui qu’emploie Marconi comprend 96 pour 100 de limaille de nickel et 4 pour 100 de limaille d’argent.