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cité, non pas une résistance plus grande que les conducteurs, mais une résistance d’une autre nature. Une comparaison fera mieux comprendre la pensée de Maxwell.

Si l’on s’efforce de tendre un ressort, on rencontre une résistance qui va en croissant à mesure que le ressort se bande. Si donc on ne dispose que d’une force limitée, il arrivera un moment où cette résistance ne pouvant plus être surmontée, le mouvement s’arrêtera et l’équilibre s’établira ; enfin quand la force cessera d’agir, le ressort restituera en se débandant tout le travail qu’on aura dépensé pour le bander.

Supposons au contraire qu’on veuille déplacer un corps plongé dans l’eau : ici encore on éprouvera une résistance, qui dépendra de la vitesse, mais qui cependant, si cette vitesse demeure constante, n’ira pas en croissant à mesure que le corps s’avancera ; le mouvement pourra donc se prolonger tant que la force motrice agira, et l’on n’atteindra jamais l’équilibre ;enfin quand la force disparaîtra, le corps ne tendra pas à revenir en arrière, et le travail dépensé pour le faire avancer ne pourra être restitué ; il aura tout entier été transformé en chaleur par la viscosité de l’eau.

Le contraste est manifeste, et il est nécessaire de distinguer la résistance élastique de la résistance visqueuse. Alors les diélectriques se comporteraient pour les mouvements de l’électricité comme les solides élastiques pour les mouvements matériels, tandis que les conducteurs se comporteraient comme les liquides visqueux. De là, deux catégories de courants : les courants de déplacement ou de Maxwell qui traversent les diélectriques, et les courants ordinaires de conduction qui circulent dans les conducteurs.

Les premiers, ayant à surmonter une sorte de résistance élastique, ne pourraient être que de courte durée ; car, cette résistance croissant sans cesse, l’équilibre sera promptement établi.

Les courants de conduction, au contraire, devraient vaincre une sorte de résistance visqueuse et pourraient par conséquent se prolonger aussi longtemps que la force électromotrice qui leur donne naissance.

Reprenons notre comparaison empruntée à l’Hydraulique. Supposons que nous ayons dans un réservoir de l’eau sous pression ; mettons ce réservoir en communication avec le tuyau vertical : l’eau va y monter ; mais le mouvement s’arrêtera dès que l’équilibre hydrostatique sera atteint. Si le tuyau est large il n’y