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la théorie de maxwell

Kirchhoff, fondés sur l’ancienne électrodynamique conduisaient à ce résultat. Mais ce n’est pas le long d’un fil métallique que la lumière se propage, c’est à travers les corps transparents, à travers l’air, à travers le vide. Une pareille propagation n’était nullement prévue par l’ancienne électrodynamique. Pour pouvoir tirer l’optique des théories électrodynamiques alors en faveur, il fallait modifier profondément ces dernières, sans qu’elles cessent de rendre compte de tous les faits connus. C’est ce qu’a fait Maxwell.


2. Courants de déplacement.

Tout le monde sait que l’on peut répartir les corps en deux classes, les conducteurs où nous constatons des déplacements de l’électricité, c’est-à-dire des courants voltaïques, et les isolants ou diélectriques. Pour les anciens électriciens, les diélectriques étaient purement inertes, et leur rôle se bornait à s’opposer au passage de l’électricité. S’il en était ainsi, on pourrait remplacer un isolant quelconque par un isolant différent sans rien changer aux phénomènes. Les expériences de Faraday ont montré qu’il n’en est pas ainsi ; deux condensateurs de même forme et de mêmes dimensions, mis en communication avec les mêmes sources d’électricité, ne prennent pas la même charge, bien que l’épaisseur de la lame isolante soit la même, si la nature de la matière isolante diffère. Maxwell avait fait une étude trop profonde des travaux de Faraday pour ne pas comprendre l’importance des diélectriques et la nécessité de leur restituer leur véritable rôle.

D’ailleurs, s’il est vrai que la lumière ne soit qu’un phénomène électrique, il faut bien quand elle se propage à travers un corps isolant, que ce corps soit le siège de ce phénomène: il doit donc y avoir des phénomènes électriques localisés dans les diélectriques : mais quelle en peut être la nature? Maxwell répond hardiment : ce sont des courants.

Toute l’expérience de son temps semblait le contredire : on n’avait jamais observé de courants que dans les conducteurs. Comment Maxwell pouvait-il concilier son audacieuse hypothèse avec un fait si bien constaté? Pourquoi dans certaines circonstances, ces courants hypothétiques produisent-ils des effets manifestes et sont-ils absolument inobservables dans les conditions ordinaires?

C’est que les diélectriques opposent au passage de l’électricité