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  • CHAPITRE II

LA THÉORIE DE MAXWELL


1. Rapports entre la lumière et l’électricité.

Au moment où les expériences de Fresnel forçaient tous les savants à admettre que la lumière est due aux vibrations d’un fluide très subtil, remplissant les espaces interplanétaires, les travaux d’Ampère faisaient connaître les lois des actions mutuelles des courants et fondaient l’électrodynamique.

On n’avait qu’un pas à faire pour supposer que ce même fluide, l’éther, qui est la cause des phénomènes lumineux, est en même temps le véhicule des actions électriques : ce pas, l’imagination d’Ampère le fit : mais l’illustre physicien, en énonçant cette séduisante hypothèse, ne prévoyait sans doute pas qu’elle dût si vite prendre une forme plus précise et recevoir un commencement de confirmation.

Ce ne fut là pourtant qu’un rêve sans consistance jusqu’au jour où les mesures électriques mirent en évidence un fait inattendu. Le rapport de « l’unité absolue électrostatique » à « l’unité absolue électrodynamique » est mesuré par une vitesse. Maxwell imagina plusieurs méthodes pour obtenir la valeur de cette vitesse. Les résultats auxquels il parvint, oscillèrent autour de 300 000 kilomètres par seconde, c’est-à-dire de la vitesse même de la lumière.

Les observations devinrent bientôt assez précises pour qu’on ne pût songer à attribuer cette concordance au hasard. On ne pouvait donc douter qu’il y eût certains rapports intimes entre les phénomènes optiques et les phénomènes électriques. Mais la nature de ces rapports nous échapperait peut-être encore, si le génie de Maxwell ne l’avait devinée.

Cette coïncidence inattendue pouvait s’interpréter de la façon suivante. Le long d’un fil, conducteur parfait, une perturbation électrique se propage avec la vitesse de la lumière. Les calculs de