Page:Poincaré - La théorie de Maxwell et les oscillations hertziennes, 1904.djvu/18

Cette page n’a pas encore été corrigée
14
la théorie de maxwell

courants étaient de même sens, et qu’on les éloignât, ou s’ils étaient de sens contraire, et qu’on les rapprochât. Les actions mécaniques mutuelles des courants s’expliquent de même. La force centrifuge tend à écarter les boules, ce qui aurait pour effet d’augmenter la force vive, si l’on maintenait la vitesse angulaire constante. De même, quand les courants sont de même sens, ils s’attirent c’est—à—dire qu’ils tendent à se rapprocher, ce qui aurait pour effet d’augmenter la force vive, si l’on maintenait l’intensité constante. S’ils sont de sens contraire, ils se repoussent et tendent à s’éloigner, ce qui aurait encore pour effet d’augmenter la force vive à intensité constante. En résumé, dans notre comparaison, si nous supposons les deux courants de sens contraire, la vitesse de rotation correspond à l’intensité et l’écartement des boules à l’écartement des courants. Les boules tendent à s’écarter et semblent se repousser, de même les deux courants se repoussent. Ainsi les phénomènes électrostatiques seraient dus à l’élasticité de l’éther, et les phénomènes électrodynamiques à sa force vive. Maintenant, cette élasticité elle—même devrait—elle s’expliquer, comme le pense Lord Kelvin, par des rotations de très petites parties de fluide. Diverses raisons peuvent rendre cette hypothèse séduisante, mais elle ne joue aucun rôle essentiel dans la théorie de Maxwell, qui en est indépendante. Dans tout ce qui précède, j’ai fait des comparaisons avec divers mécanismes. Mais ce ne sont que des comparaisons, même assez grossières. Il ne faut pas, en effet, chercher dans le livre de Maxwell une explication mécanique complète des phénomènes électriques, mais seulement l’exposé des conditions auxquelles toute explication doit satisfaire. Et ce qui fait justement que l’œuvre de Maxwell sera probablement durable, c’est qu’elle est indépendante de toute explication particulière.