Page:Poincaré - La théorie de Maxwell et les oscillations hertziennes, 1904.djvu/16

Cette page n’a pas encore été corrigée
12
la théorie de maxwell

nous pourrons le faire sans trop de peine ; mais la sphère S ne s’ébranlera pas si facilement ; dans les premiers moments, elle restera immobile. Tout le système tournera autour de S, et la sphère s2 prendra un mouvement contraire à celui de s1. C’est là l’image de l’induction mutuelle. Les sphères s1 et s2 correspondent aux deux conducteurs ; la sphère S qu’il faut se représenter comme invisible, c’est l’éther qui les entoure. Quand le mouvement de s1 s’accélère, s2 prend un mouvement de direction opposée ; de même quand le courant primaire s’accélère, il se produit un courant secondaire de sens contraire. Poursuivons la comparaison. Je suppose que s1 et s2 aient à surmonter, pour se mouvoir, un certain frottement (c’est la résistance ohmique des deux conducteurs) ; au contraire S n’a d’autre résistance à vaincre que son inertie. Supposons que la force motrice continue à agir sur s1 : le régime finira par s’établir : la sphère s1 se mouvra d’un mouvement uniforme, entraînant S qui, une fois en mouvement, n’oppose plus de résistance. Au contraire s2, par l’effet du frottement, s’arrêtera, et tout le système tournera autour de s2. Le courant primaire est devenu constant, le courant secondaire a cessé.

Enfin la force motrice cesse d’agir sur s1 : par suite du frottement son mouvement va se ralentir. Mais S, en vertu de son énorme inertie, continue son mouvement entraînant s2 qui prend une vitesse de même sens que celle de s1. Le courant primaire diminue, le courant induit est de même sens que le primaire.

Dans cette image, S représente l’éther qui entoure les deux fils : c’est l’inertie de cet éther qui produit les phénomènes d’induction mutuelle. Il en est de même dans le cas de la self-induction. L’inertie qu’il faut vaincre pour produire un courant dans un fil, ce n’est pas celle de l’éther qui pénètre ce fil, c’est celle de l’éther qui l’entoure.


5. Attractions électrodynamiques.

J’ai cherché plus haut à faire comprendre, par une comparaison, l’explication des attractions électrostatiques et des phénomènes d’induction ; voyons maintenant quelle idée se fait Maxwell de la cause qui produit les attractions mutuelles de courants. Tandis que les attractions électrostatiques seraient dues à la tension d’une multitude de petits ressorts, ou, en d’autres termes, à l’élasticité de l’éther, ce seraient la force vive et l’inertie de ce