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d’induction. Si le courant primaire est croissant, le courant secondaire est de sens opposé au primaire ; il est de même sens, si le primaire est décroissant. C’est là ce qu’on appelle l’induction mutuelle.

Mais ce n’est pas tout : un courant variable produira des forces électromotrices d’induction dans le fil même qu’il parcourt. Cette force sera résistante si le courant est croissant, elle tendra à renforcer le courant s’il est décroissant : c’est ce qu’on nomme la self-induction.

Dans notre comparaison, la self-induction s’explique aisément. Il semble que, pour mettre l’électricité en mouvement, on ait à surmonter une résistance contre-électromotrice ; mais qu’une fois le mouvement commencé, il tende à se continuer de lui-même. La self-induction est donc une sorte d’inertie. De même, il faut surmonter une résistance pour faire démarrer un véhicule, et, une fois lancé il continue de lui-même son mouvement.

En résumé, un courant peut avoir à surmonter :

1° La résistance ohmique du fil (qui existe toujours et s’oppose toujours au courant) ;

2° La self-induction, si le courant est variable ;

3° Des forces contre-électromotrices d’origine électrostatique, s’il y a des charges électriques dans le voisinage du fil ou sur le fil. Ces deux dernières résistances peuvent d’ailleurs devenir négatives et tendre à renforcer le courant.

Comparons avec les résistances que rencontre un véhicule qui se meut sur une route :

1° La résistance ohmique, nous l’avons vu, est analogue au frottement ;

2° La self-induction correspond à l’inertie du véhicule ;

3° Enfin les forces d’origine électrostatique correspondraient à la pesanteur, qu’il faut vaincre dans les montées et qui devient une aide dans les descentes.

Pour l’induction mutuelle, les choses sont un peu plus compliquées. Figurons-nous une sphère S d’une masse considérable ; cette sphère porte deux longs bras diamétralement opposés, et aux extrémités de ces deux bras sont de petites sphères s1 et s2 ; le tout se comportant comme un seul corps solide. S représentera l’éther, s1 le courant primaire, s2 le courant secondaire. Si nous cherchons à mettre en mouvement la petite sphère s1,