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Mais l’énergie ainsi dépensée n’est pas perdue, elle est emmagasinée dans le condensateur qui peut la restituer à la décharge. Elle sera restituée sous forme de chaleur, si l’on réunit simplement les deux armatures par un fil qui est échauffé par le courant de décharge ; elle pourrait l’être aussi sous forme de travail mécanique, si ce courant de décharge actionnait un petit moteur électrique.

De même, pour élever de l’eau dans un réservoir, il faut dépenser du travail ; mais ce travail peut être restitué si, par exemple, l’eau du réservoir sert à faire tourner une roue hydraulique.

Si deux conducteurs chargés sont au même potentiel, et qu’on les mette en communication par un fil, l’équilibre ne sera pas troublé ; mais si les potentiels initiaux sont différents, un courant circulera dans le fil d’un conducteur à l’autre, jusqu’à ce que l’égalité de potentiel soit rétablie.

De même, si dans deux réservoirs, l’eau monte à des niveaux différents, et si on les fait communiquer par un tuyau, l’eau coulera de l’un à l’autre jusqu’à ce que le niveau soit le même dans les deux réservoirs.

Le parallélisme est donc complet : le potentiel d’un condensateur correspond au niveau d’eau dans un réservoir, la charge du condensateur à la masse d’eau contenue dans le réservoir. Si la section horizontale du réservoir est par exemple 100 mètres carrés, il faudra 1 mètre cube d’eau pour faire monter le niveau d’un centimètre. Il en faudra deux fois plus si la section est deux fois plus grande. Cette section horizontale correspond donc à ce qu’on appelle la capacité du condensateur. Comment interpréter dans cette manière de voir les attractions et répulsions qui s’exercent entre les corps électrisés? Ces actions mécaniques tendent à diminuer les différences de potentiel. Si on les vaine, et qu’on éloigne par exemple deux corps qui s’attirent, on dépense du travail, on emmagasine de l’énergie électrique et on accroît les différences de potentiel. Si, au contraire, on laisse les conducteurs libres d’obéir à leur attraction mutuelle, l’énergie électrique ainsi emmagasinée est en partie restituée sous forme de travail mécanique, et les potentiels tendent à s’égaliser.

Ces actions mécaniques correspondraient ainsi aux pressions que l’eau, amassée dans les réservoirs, exerce sur leurs parois. Supposons, par exemple, que nos deux réservoirs soient réunis