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la théorie de maxwell

ment et fléchissant sous l’effort, des régulateurs à boules et des courroies.

Quel que soit le goût des Anglais pour ce genre de conceptions dont ils aiment l’apparence concrète, Maxwell fut le premier à abandonner cette théorie saugrenue qui ne figure pas dans ses œuvres complètes. On ne doit pas regretter cependant que sa pensée ait suivi ce chemin détourné, puisqu’elle a été ainsi conduite aux plus grandes découvertes.

En suivant la même voie, il ne semble pas qu’on puisse faire beaucoup mieux. Mais s’il est oiseux de chercher à se représenter dans tous ses détails le mécanisme des phénomènes électriques, il est très important au contraire de montrer que ces phénomènes obéissent aux lois générales de la mécanique.

Ces lois, en effet, sont indépendantes du mécanisme particulier auquel elles s’appliquent. Elles doivent se retrouver invariables à travers la diversité des apparences. Si les phénomènes électriques y échappaient, on devrait renoncer à tout espoir d’explication mécanique. S’ils y obéissent, la possibilité de cette explication est certaine, et on n’est arrêté que par la difficulté de choisir entre toutes les solutions que le problème comporte.

Mais comment nous assurons-nous, sans déployer tout l’appareil de l’analyse mathématique, de la conformité des lois de l’électrostatique et de l’électrodynamique avec les principes de la dynamique ?

C’est par une série de comparaisons ; quand nous voudrons analyser un phénomène électrique, nous prendrons un ou deux phénomènes mécaniques bien connus et nous chercherons à mettre en évidence leur parfait parallélisme. Ce parallélisme nous sera ainsi un garant suffisant de la possibilité d’une explication mécanique.

L’emploi de l’analyse mathématique ne servirait qu’à montrer que ces comparaisons ne sont pas seulement de grossiers rapprochements, mais qu’elles se poursuivent jusque dans les détails les plus précis. Les limites de cet ouvrage ne me permettront pas d’aller aussi loin, et je devrai me borner à une comparaison pour ainsi dire qualitative.

2. Phénomènes électrostatiques. — Pour charger un condensateur, il faut toujours dépenser du travail, du travail mécanique si l’on fait tourner une machine statique ou si l’on se sert d’une dynamo, de l’énergie chimique si on charge avec une pile.