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source de lumière naturelle. Nous aurions une sorte de circuit fermé, et par conséquent un fil d’aller et un fil de retour dont les actions de sens contraire se feraient sentir à peu près simultanément, surtout si les dimensions de l’appareil étaient petites par rapport à la longueur d’onde. Ces actions se compenseraient alors presque complètement. Au contraire, avec un excitateur rectiligne, toutes les actions s’ajoutent (1) ; avec une source de lumière naturelle, les vibrations de sens opposé ne sont pas simultanées, mais elles se succèdent et, comme cette succession est irrégulière, il n’y a pas de raison pour que la compensation se fasse.

Les lois du rayonnement émané d’un excitateur rectiligne sont donc les mêmes que celles des radiations lumineuses ; l’amplitude des vibrations varie en raison inverse du carré des distances. Au contraire, dans le cas d’une compensation complète, l’amplitude varierait en raison inverse du carré de la distance, et l’énergie en raison inverse de la quatrième puissance. Avec un excitateur presque fermé, la compensation serait presque complète et l’on se rapprocherait de cette dernière loi.

J’ai dit que c’est pour augmenter la longueur d’onde qu’on augmente la hauteur des antennes. Mais il ne faudrait pas croire qu’on obtiendrait les mêmes résultats en augmentant la longueur d’onde par d’autres moyens, c’est-à-dire en augmentant d’une manière quelconque la capacité (2) ou la self—induction, la longueur d’onde étant, comme on sait, à un facteur constant près, moyenne proportionnelle entre ces deux quantités. D’après ce qui précède, la forme de l’excitateur est au contraire très importante, et nous venons de voir que l’excitateur ne saurait s’éloigner beaucoup de la forme rectiligne sans devenir incapable de rayonner.


(1) Cependant la transmission ne se ferait pas si les deux antennes étaient rectilignes, horizontales toutes deux et parallèles ; parce que, dans ces conditions, la vibration directe interférerait avec la vibration réfléchie sur le sol ou sur la mer.

(2) Remarquons que la « capacité dynamique » qui intervient dans le calcul de la longueur d’onde n’est pas égale à la capacité mesurée par des procédés statiques, attendu que la distribution électrique pendant les oscillations diffère beaucoup de celle qui correspondrait à l’équilibre électrostatique. J’insiste sur ce point, parce qu’avec certaines antennes la capacité dynamique peut être dix ou quinze fois plus grande que la capacité statique.