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la théorie de maxwell

sont pas très favorables à la théorie ; il serait désirable que l’on multipliât les expériences de ce genre.

7. Rôle de l’antenne. — Je terminerai ces considérations théoriques en parlant du rôle de l’antenne. L’expérience a montré que la longueur des antennes doit être proportionnelle à la racine carrée de la distance à franchir. Pourquoi? Est-ce pour que la droite qui joint les extrémités des deux antennes ne rencontre pas la terre? Non, il faudrait pour cela des antennes beaucoup plus grandes. C’est plutôt parce qu’en augmentant leurs dimensions, on augmente la longueur d’onde et par conséquent le phénomène de diffraction par lequel peut être contourné l’obstacle dû à la rotondité du globe.

D’ailleurs plus l’antenne réceptrice est longue, plus est grande la surface par laquelle les radiations sont captées ; tout se passe comme si on regardait une lumière lointaine avec une lunette dont l’objectif aurait une très grande ouverture.

Si l’on a avantage à relier l’excitateur au sol, c’est parce que la capacité de la seconde partie de l’excitateur devient ainsi pratiquement infinie. La longueur d’onde est alors doublée.

Pourquoi maintenant l’antenne doit-elle être verticale? Les sources de lumière naturelle donnent des vibrations dont la direction change constamment ; par conséquent, l’énergie est rayonnée également dans tous les sens. Avec une antenne verticale, au contraire, la vibration est rectiligne et toujours verticale ; elle est naturellement polarisée. Il en résulte qu’il y a plus d’énergie rayonnée dans le plan horizontal, c’est-à-dire dans les directions utiles, que dans les directions verticale ou oblique. On peut calculer qu’il y a une fois et demie plus d’énergie rayonnée dans le plan horizontal que si l’émission se faisait comme celle de la lumière naturelle et trois fois plus d’énergie utilisable, parce que l’antenne réceptrice utilise toute la vibration qu’elle reçoit et qui est verticale comme elle. Au contraire, dans le cas d’une radiation comparable à la lumière naturelle, un appareil récepteur quelconque ne pourrait utiliser que la moitié de l’énergie qu’elle recevrait, à savoir celle des vibrations qui auraient même direction que lui.

Mais on ne se ferait ainsi qu’une idée insuffisante de la supériorité des excitateurs rectilignes. Un excitateur courbé, formé par exemple d’un fil presque fermé réunissant les deux armatures d’un condensateur, ne serait nullement comparable à une