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6. Mesure de la longueur d’onde. — En résumé, aucun de ces arguments n’a paru convaincant à la majorité des physiciens. Mais une autre question se pose : l’excitateur se compose de deux petites boules entre lesquelles éclate l’étincelle ; les ondes ont-elles même période que si ces deux boules étaient isolées ; ou bien le système de l’antenne, des deux boules et du sol fonctionne-t-il comme un grand excitateur, qui émettrait alors des ondes bien plus longues? Dans la première hypothèse, à laquelle on a cru longtemps, l’antenne ne jouerait que le rôle d’un fil conducteur, qui amènerait les ondes émises par les deux petites boules jusqu’à son extrémité supérieure et les transmettrait ensuite à l’éther ambiant.

Aucune de ces deux hypothèses n’est absurde ; l’appareil pourrait émettre soit des ondes longues, soit des ondes courtes, de même qu’une corde vibrante peut donner plusieurs sons harmoniques. Mais l’expérience a décidé en faveur de la seconde. M. le lieutenant de vaisseau Tissot a mesuré directement la période par le moyen d’un miroir tournant ; il a trouvé 0,06 à 1,8.10^(-6) seconde. Les ondes sont donc cent à mille fois plus longues que celles obtenues par Hertz, dix à cent mille fois plus longues que celles de Righi, un milliard de fois plus longues que les ondes lumineuses.

C’est même grâce à cette circonstance que la mesure a été possible : les vibrations réalisées par Hertz auraient été trop rapides et le miroir tournant n’aurait pas pu décomposer l’étincelle. C’est là en même temps une vérification du caractère périodique du phénomène.

Il resterait, pour achever de contrôler la théorie, à mesurer la vitesse de propagation. Le problème ne parait pas inabordable ; il semble qu’un même ébranlement parti de l’excitateur pourrait être transmis à une même station par deux chemins : par un fil, et à travers l’air. Deux étincelles éclateraient à la station d’arrivée et un miroir tournant permettrait d’apprécier l’intervalle de temps qui les sépare. On pourrait donc comparer la vitesse des ondes hertziennes à travers l’air et dans un fil ; quant à cette dernière elle a été déterminée par l’expérience de Blondlot.

Il serait aussi intéressant de savoir quelle est la quantité d’énergie rayonnée dans les directions obliques ; mais cela ne pourrait se faire que par des expériences en ballon.

M. Ferrié a fait avec des ballons captifs des expériences qui ne