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la théorie de maxwell

1° Ils s’étonnent que l’effet puisse être sensible à des centaines de kilomètres, s’il diminue, avec la distance, suivant la même loi que la lumière ; et ils en concluent que la propagation s’effectue par quelque processus différent, tel que la décroissance avec la distance soit moins rapide. Mais ils n’ont jusqu’ici rien pu trouver qui paraisse d’accord avec ce que nous savons de l’électricité.

2° Ils remarquent que les ondes hertziennes contournent les obstacles et ne se propagent pas en ligne droite comme la lumière. Ils oublient que la lumière non plus ne marche qu’à peu près en ligne droite ; que, par suite de la diffraction, un peu de lumière pénètre dans l’ombre géométrique. Or, la diffraction est d’autant plus marquée que la longueur d’onde est plus grande ; donc, les ondes hertziennes, qui sont 1 million de fois plus longues que les ondes lumineuses, pénétreront beaucoup plus facilement dans l’ombre géométrique et contournent ainsi des obstacles qui nous paraissent énormes, tels que de petites collines, ou la convexité du globe terrestre qui, pour des distances de plusieurs centaines de kilomètres, représente un obstacle de plusieurs centaines de mètres de hauteur.

3° Ils font observer que la propagation est beaucoup plus facile sur mer que sur terre ; c’est en effet ce que toutes les expériences confirment ; ils en concluent que la conductibilité du sol joue un rôle prépondérant. Mais le fait tient-il à la conductibilité de l’eau de mer, qui est d’ailleurs très faible pour des courants de haute fréquence, ou s’explique-t-il par l’absence d’obstacles géométriques ? C’est ce qu’il est encore difficile de dire.

D’ailleurs une expérience directe a montré qu’un cohéreur fonctionnait s’il était placé au fond d’un trou creusé dans la terre, sans être recouvert, mais qu’il restait inactif s’il était enterré : ce qui prouve bien que les ondes ne passent pas à travers la terre par conduction, que par conséquent elles ne traversent pas les obstacles, mais qu’elles les contournent par diffraction.

Il est vrai, d’autre part, que la portée est sensiblement doublée quand l’excitateur communique avec le sol ; nous verrons tout à l’heure pourquoi ; mais quand on supprime cette communication la portée en est seulement amoindrie, tandis que la transmission devrait cesser complètement si elle se faisait par la terre. Les expériences de M. le Capitaine Ferrié ont mis le fait hors de doute.