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Mais regardons la chose d’un peu plus près. Soient deux étoiles diamétralement opposées sur la sphère céleste, dans la direction du mouvement du Soleil dans l’espace (fig.27). Les vitesses absolues des rayons

Figure 27.

lumineux partant de ces deux étoiles sont représentées par les deux droites OA et OA1, égales et opposées. D’autre part AB = A1B1, BC = B1C1 = BC’ = B’1C’1. La direction apparente de l’une des étoiles varie entre OC et OC’, l’autre entre OC, et OC’1. Mais on voit que l’angle COC’ est plus petit que l’angle C'1OC’1, de sorte que l’une des étoiles exécute des oscillations apparentes de plus grande amplitude ; et la comparaison de ces amplitudes devrait nous renseigner sur la vitesse AB qui est une vitesse absolue, et cela serait contraire au principe de relativité. Nous verrons bientôt comment la Nouvelle Mécanique se tire de cette difficulté.

Des expériences délicates, faites avec des appareils extrêmement précis, que je ne décrirai pas devant vous, ont permis d’essayer la réalisation pratique d’une pareille comparaison : le résultat a été nul. Le principe de relativité n’admet aucune restriction dans la nouvelle mécanique ; il a, si j’ose ainsi dire, une valeur absolue.

Comment de pareilles expériences étaient-elles possibles ? Supposons un appareil optique quelconque ; il est entraîné dans le mouvement de la Terre, qui se compose de deux parties, la vitesse de la Terre sur son orbite qui est connue et la vitesse absolue du Soleil dans l’espace qui est inconnue. Au bout de 12 heures, l’appareil entraîné par la rotation de la Terre se trouve avoir changé d’orientation ; et comme il n’est plus orienté de la même façon par rapport à cette translation dans laquelle il est entraîné, les phénomènes optiques dont il est le siège devraient être modifiés si cette vitesse de translation avait une influence quelconque. Or, on constate qu’ils ne sont pas modifiés, bien que les appareils soient assez sensibles pour mettre en évidence la plus légère modification.

Et le résultat est tellement général que, pour en revenir à notre figure de tout à l’heure à propos de l’aberration avec nos deux couples, COC’, C1OC’1, je suis absolument sûr d’avance que l’on ne trouvera aucune différence entre les amplitudes des oscillations annuelles des différentes étoiles et qu’on n’aura par conséquent aucun moyen de connaître la vitesse absolue du Soleil. Et cela, bien que les procédés astronomiques