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CHAPITRE II


Dans les Vosges avec Joffre. — Prise de Monastir. — Restrictions alimentaires. — Mort de François-Joseph, empereur d’Autriche. — Lloyd George démissionnaire. — Remaniements des cabinets français et anglais. — Crise dans le haut commandement. — Joffre nommé maréchal. — Courte visite à La Panne. — La tragédie russe.


20 novembre 1916.

Nouvelle vague de pessimisme à Paris. Mauvaises nouvelles de Russie. Mauvaises nouvelles de Roumanie. Pour m’arracher à un milieu déprimant, je pars, le 20 novembre, pour les Vosges, où je prends rendez-vous avec le général Joffre. Je le rencontre à Mirecourt, toujours aussi ferme et aussi confiant. J’assiste à des exercices exécutés par de jeunes soldats de la classe 1917 dans le voisinage de la commune de Rouvres. Puis je me rends à Fraimbois et à Gerbéviller et, avant de rentrer à Paris, je visite l’armée du général Franchet d’Esperey.

Sur ces entrefaites, je reçois communication du télégramme suivant de Barrère : « Rome, 20 novembre. Le ministre d’Italie à Bucarest a été chargé par le roi de Roumanie de transmettre au roi une communication personnelle d’un caractère très pessimiste, que je vous signale au cas où vous n’auriez pas reçu la même communication. Le roi Ferdinand dit en substance que la situation de la Roumanie est, sinon perdue, du moins gravement compromise si le secours russe n’arrive pas sans aucun retard en Moldavie. Les troupes rou-