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de la Guerre et au général en chef (n° 159) : « Je suis informé de la rupture des négociations entre l’Autriche et le Monténégro à cause de conditions inacceptables pour ce dernier. Roi, famille royale et corps diplomatique partiront demain de Saint-Jean-de-Médua pour Italie. On signale présence Autrichiens à Virbazar et Ricka. »

Mercredi 19 janvier.

MM. de Grandmaison et Maurice Bernard, députés, attachés tous deux comme officiers de réserve à l’état-major du général Curé, commandant le IXe corps, m’apportent, avec une lettre de ce dernier, un buste de moi, assez laid, mais précieux comme souvenir, parce que c’est le seul objet intact que nos troupes aient trouvé à Loos.

M. Antonesco, ministre roumain de la Justice, m’affirme que son pays entier entrera en action dès que la Russie reprendra l’offensive en Galicie. « Au début de la guerre, me dit-il, après la bataille de Charleroi et avant celle de la Marne, à une heure où la victoire de l’Allemagne semblait certaine, nous avons eu à Bucarest une réunion du Conseil de la Couronne et nous avons tous déclaré au roi que nous ne pouvions marcher avec l’Allemagne. Le roi nous répétait qu’elle nous assurait la Bessarabie. Nous répondions : La Russie serait toujours assez forte pour nous la reprendre ensuite. Ce qu’il nous faut, c’est la Transylvanie, le Banat et la Bukovine. Lorsqu’en septembre, nous avons traité avec la Russie, elle nous a promis la Transylvanie et, sans préciser davantage, les régions du Banat et de la Bukovine, occupées par les Slaves, et cela contre promesse de neutralité. Dès qu’il s’est agi, non plus de la neutralité, mais