CHAPITRE IV
Samedi 1er avril.
Albert Thomas m’a rapporté que Caillaux lui avait dit récemment : « Si on avait fait la paix il y a six mois, on l’aurait faite dans de meilleures conditions qu’aujourd’hui ; dans six mois, on la fera dans de plus mauvaises. » Thomas a vivement protesté contre cette allégation pessimiste.
Sembat m’a également raconté que Caillaux était allé le voir ces jours-ci et qu’il commençait à s’agiter. Des Anglais ont demandé, avec inquiétude, à Albert Thomas, s’il était vrai que Caillaux reprît de l’autorité en France ; il les a rassurés.
Freycinet me dit, avant le Conseil : « Vous savez que Briand ne m’a pas soufflé mot de la manière dont avait été composée la délégation française à la Conférence des Alliés. Je considère, a-t-il ajouté, l’incident comme clos ; mais j’ai tenu à vous renseigner. — C’est sans doute, ai-je repris en riant, la timidité qui a empêché Briand de s’expliquer vis-à-vis de vous. — Croyez-vous ? a répondu ironiquement Freycinet. » Après le