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nement et par la cour, tandis qu’à Moscou, sous l’influence de Goutchkoff, le mouvement libéral s’accentue jusqu’à l’hostilité. Seul, le général Alexeïef commande effectivement aux armées. L’empereur ne s’occupe pas des opérations. Le manque de fusils continue à se faire sentir. L’artillerie lourde n’existe pas. Il n’y a jusqu’ici que 42 pièces de 105. Si l’offensive projetée a lieu, soit en Galicie, soit en Bukovine, on risque de ne pouvoir l’exploiter sérieusement, faute de fusils, d’artillerie et de munitions.

Le général de Castelnau me rend compte de son voyage en Grèce. Il a trouvé nos tranchées moins avancées que celles des Anglais. « J’estime cependant, me dit-il, que l’armée d’Orient, telle qu’elle est constituée, est suffisante pour organiser et éventuellement pour défendre les positions qu’elle occupe et qui sont très fortes. Le général Sarrail a, sans doute, à cet égard, une opinion différente, puisqu’il a demandé de très importants renforts. Mais Castelnau ne croit pas qu’il ait pu juger personnellement de l’utilité de ces troupes nouvelles car, m’a-t-il déclaré, Sarrail n’a pas encore eu le temps de parcourir le terrain qu’il a charge de défendre. Il aurait besoin d’être mieux secondé et d’avoir un meilleur état-major. J’ai prévenu le général en chef, ajoute Castelnau. Sarrail a également besoin d’un matériel plus complet et mieux approprié de campement et de couchage.

Lundi 3 janvier.

Doumer me parle de la mission qu’il a remplie en Russie. Il demeure convaincu, contrairement à l’avis de M. Paléologue, que le gouvernement