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Nous revenons directement sur Krüt, où nous attendent soldats et habitants. L’accueil de la population est, cette fois, très chaleureux. Nos automobiles partent chargées de bouquets. Nous prenons, par un temps splendide, le col du Ventron, et, de là, gagnons le Thillot, Ramonchamp et Létraye, où mon ami Maurice Bernard nous a invités, Loti et moi, dans sa paisible maison de campagne.Nous y passons, dans l’intimité, devant un beau panorama vosgien, une soirée qui, en d’autres circonstances, serait délicieuse.

Lundi 9 août.

Réveil devant le spectacle presque révoltant d’une nature calme et sereine. Longue causerie avec Maurice. Nous partons ensuite, par le col de Bussang, pour Urbès et Wesserling. Le général Serret nous attend à l’extrémité de la belle allée qui monte au château et à l’usine. De chaque côté, derrière les rangées des troupes, sont massés des habitants enthousiastes. On m’accueille déjà comme une vieille connaissance, et avec plus de liberté qu’il y a quelques mois. Tout est pavoisé, les maisons et les arbres. Ce ne sont que cris de « Vive la France ! » En compagnie du général Serret, nous nous rendons à Saint-Amarin, où la réception est encore plus chaleureuse. Des femmes se précipitent vers moi, me remettent des brassées de fleurs. J’entre à la mairie. Le maire me lit un compliment de bienvenue. Je réponds tant bien que mal, d’une voix étranglée. Dehors, devant l’école, petits garçons et petites filles sont debout chantant la Marseillaise. Je reconnais la plupart d’entre eux. Je les remercie, je les félicite, je