Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 7, 1931.djvu/18

Cette page n’a pas encore été corrigée

dont le premier n’est peut-être pas très juste pour nos alliés : l’armée française est seule capable de battre l’armée allemande, l’armée française ira désormais en diminuant, il faut donc agir tant qu’elle est forte et il le faut d’autant plus que nous l’avons promis.

Au sujet de cette promesse, les renseignements qui m’ont été donnés sur la Conférence du 7 juillet ne m’ont pas permis jusqu’ici de savoir exactement à quoi m’en tenir. Le colonel Buat vient seulement de m’envoyer, au nom du ministre, le procès-verbal de la séance qui s’est tenue à Chantilly et à laquelle assistaient Millerand, Joffre, le colonel italien di Breganze, le colonel serbe Stephanovitch, le colonel russe Ignatieff, le maréchal French, le général major belge Wielemans. II a été effectivement décidé que, pendant la continuation de la manœuvre en cours sur le théâtre oriental, c’est-à-dire durant la retraite russe, les forces françaises poursuivraient une série d’actions localisées et reprendraient le plus tôt possible des opérations offensives d’ensemble ; que l’armée britannique, bientôt grossie de divisions nouvelles, prêterait son concours le plus complet à ces opérations offensives ; que l’armée belge y participerait dans la mesure de ses moyens ; que l’armée italienne développerait ses opérations en direction de Laybach-Villach ; qu’enfin l’armée serbe, de son côté, s’efforcerait de coordonner son action avec celle de l’armée italienne.

J’ignorais ces intentions, au courant desquelles le gouvernement n’a pas été mis plus que moi, et qui me paraissent tout à fait contraires aux avis que j’ai recueillis dans mes entretiens avec la plupart des généraux. Un télégramme chiffré,