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de l’Europe, qui nous permettra de respirer, de vivre et de travailler, qui reconstituera la patrie démembrée, qui réparera nos ruines et qui nous protégera avec efficacité contre tout retour offensif des ambitions germaniques. Les générations actuelles sont comptables de la France vis-à-vis de la postérité. Elles ne laisseront pas profaner ou amoindrir le dépôt que nos ancêtres ont confié à leur garde passagère. La France veut vaincre. Elle vaincra[1]. »

Viviani annonce au Conseil que l’accord s’est fait avec les Chambres sur le fonctionnement du contrôle. Le président du Conseil a nettement stipulé que pour l’accomplissement des missions parlementaires, il devrait y avoir entente entre le gouvernement et les commissions. Les délégués des groupes, réunis sous la présidence de Jules Siegfried, ont voté à l’unanimité un ordre du jour où il est pris acte de cet arrangement.

Longue discussion sur l’affaire des Dardanelles. D’une part, Millerand a reçu de Joffre une lettre datée du 3 août et remplie d’objections contre le plan des généraux Gouraud et Bailloud ; d’autre part, Sarrail paraît peu disposé à accepter le commandement de l’expédition, si elle ne comprend pas des unités nouvelles. Or, plusieurs membres du Conseil ont peur de paraître « humilier un général républicain ». Marcel Sembat déclare tout net que, si l’on commettait cette faute, le cabinet serait renversé. Je supplie le Conseil d’examiner la question des Dardanelles en elle-même, sans s’arrêter aux considérations de personnes ; et finalement, c’est ce que le Conseil se décide à faire.

  1. Messages et discours, Bloud et Gay, p. 63 et s.