Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 7, 1931.djvu/13

Cette page n’a pas encore été corrigée

des soldats, qui prennent un bain de mer, ne se gênent pas pour accourir vers nous en caleçon. Des musiques jouent la Marseillaise et la Brabançonne. Après avoir pris congé de la famille royale, nous partons et traversons de nouveau Dunkerque. Nous faisons halte à Gravelines, où nous visitons des hangars d’approvisionnements établis en France par l’intendance belge. Puis, nous stationnons un peu plus longuement à Calais, dans l’arsenal belge, dans les beaux pavillons où les Anglais accumulent des denrées pour leurs troupes, dans les gares réservées à chacune des deux armées alliées. La pluie tombe. Nous reprenons mon train.

Mardi 3 août.

Rentrée à Paris dès huit heures du matin. Avant le Conseil, je m’enquiers de ce qui s’est passé en mon absence. La Douma a rouvert avant-hier sa session. Les déclarations énergiques du gouvernement russe ont reçu sur tous les bancs la plus ferme approbation. Paléologue s’est entretenu avec des députés des divers groupes. Ils lui ont affirmé que le peuple est résolu à poursuivre la guerre à outrance jusqu’à la victoire complète. (Petrograd, n° 943.)

Les conversations continuent avec la Bulgarie, la Grèce, la Serbie, la Roumanie. On remanie les formules, on multiplie les démarches. Mais plus la victoire se dérobe, plus la diplomatie reste impuissante. Le sous-chef d’état-major général de l’armée bulgare, ancien attaché militaire en Allemagne et homme de confiance du roi Ferdinand, est parti samedi en grand mystère pour Berlin, où le nouveau ministre de Bulgarie, M. Rizoff, dont les sympathies sont bien connues, doit travailler