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MM. Viviani et Doumergue, qui l’approuvent.

Pendant plusieurs heures, le Conseil de défense et le Conseil des ministres siègent, de nouveau, sous ma présidence, pour étudier et résoudre les innombrables questions qui se pressent devant nous. Une des plus inquiétantes est celle du Gœben et du Breslau. Ils sont entrés hier, 11 août, dans la mer de Marmara, au moment même où Enver Pacha feignait d’écouter si attentivement les propositions d’alliance de M. de Giers. On dit que les deux croiseurs allemands sont d’ores et déjà vendus à la Turquie24. Sir Edward Grey a enjoint à l’ambassadeur d’Angleterre à Constantinople d’en réclamer le désarmement et, à l’expiration d’un délai de vingt-quatre heures, l’éloignement définitif25. Le grand vizir a donné à M. Maurice Bompard une explication singulière. Ce serait à la suite d’une saisie pratiquée en Angleterre sur deux cuirassés ottomans, comme garantie d’une créance impayée, que le gouvernement turc, ainsi privé de. bateaux de guerre, se serait porté acquéreur des deux navires allemands, pour le cas où ils seraient amenés aux Dardanelles26. À leur arrivée, le marché s’est trouvé conclu. Mais les bâtiments n’en sont pas moins entrés dans les détroits sous pavillon allemand et le tour est joué. M. Bompard s’est aussitôt entendu avec M. de Giers et avec le chargé d’affaires britannique pour réclamer des clartés nouvelles. Le grand vizir a donné l’espérance que les équipages seraient débarqués. « Resteront-ils ici ? a demandé M. Bompard. Ne seront-ils pas renvoyés en Allemagne ? » Après