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des escadres franco-anglaises dans la Méditerranée. Ainsi, le marqui8 di San Giuliano, qui ne manque pas d’esprit, ni même d’esprit d’à-propos, nous fait dire : « L’Italie reste neutre, mais peut-être finira-t-elle par marcher avec vous contre sa voisine du Nord, son alliée d’hier et son ennemie de toujours, si vous vous décidez, l’Angleterre et vous, à rendre inoffensive la flotte autrichienne. »

MM. Viviani, Doumergue, Augagneur, pensent, comme moi, qu’il est temps d’agir. Sir Ed. Grey va remettre la note française au comte Mensdorff, en lui déclarant qu’elle impose à la Grande-Bretagne l’obligation de se considérer comme étant elle-même en guerre avec l’Autriche. Le secrétaire d’État a consulté le premier lord de l’amirauté sur l’heure la plus favorable au commencement de la guerre navale21. Avant la fin de la journée, les passeports sont remis au comte MensdorfI. La flotte anglaise reçoit l’ordre de lever l’ancre, de se diriger vers les bâtiments autrichiens et d’ouvrir le feu. M. Augagneur prescrit à l’amiral Boué de Lapeyrère d’avancer, lui aussi, dans l’Adriatique.

Le hasard veut qu’au même moment M. Tittoni vienne me remercier d’avoir, dans une lettre adressée à M. Viviani et publiée par les journaux22, recommandé au gouvernement de la République de secourir les Italiens résidant en France et dépourvus de ressources. J’annonce à l’ambassadeur les mesures que, d’accord avec l’Angletcrre, nous prenons contre l’Autriche. Un éclair rapide brille dans sa prunelle quelquefois si voilée ; un imperceptible