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austro-hongrois s’est mis, sans aucune provocation du gouvernement de la République, en état de guerre avec la France: 1° Après que l’Allemagne avait successivement déclaré la guerre à la Russie et à la France, il est intervenu dans ce conflit en déclarant la guerre à la Russie, qui combattait déjà aux côtés de la France ; 2° D’après de nombreuses informations dignes de foi, l’Autriche a envoyé des troupes sur le territoire allemand dans des conditions qui constituent une menace directe à l’égard de la France. En présence de cet ensemble de faits, le gouvernement français se voit obligé de déclarer à 1’Autriche qu’il va prendre toutes les mesures qui lui permettront de répondre à ses actes et menaces. » M. Doumergue télégraphie à Londres et, puisque M. Dumaine est rappelé de Vienne, puisque le comte Szecsen a quitté Paris, nous prions le gouvernement anglais de transmettre au comte Berchtold la note française en même temps que la déclaration de guerre britannique.

Avant de s’éloigner de son ambassade, M. Dumaine a rédigé aujourd’hui même une dépêche qu’il remettra au Quai d’Orsay à son arrivée. Il y résume ses dernières conversations avec le comte Berchtold et le comte Hoyos. Avec son insouciance de grand seigneur, le premier ne s’est pas étonné que la France ne s’arrêtât point aux assurances qu’il lui avait données sur les mouvements des troupes autrichiennes. Il ne s’est nullement offusqué de voir ses dénégations de nouveau contestées. Même en ces heures tragiques, il n’a rien dit à M. Dumaine qui montrât qu’il eût conscience de ses responsabilités. Quant à son chef de cabinet, le comte Hoyos, il a parlé beaucoup plus librement : «