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après la guerre, que nous apprendrons, les ministres français et moi, comment les choses se sont passées à Saint-Pétersbourg. Mais, même sans tout savoir, nous sommes bien forcés de constater que les lenteurs de leur mobilisation et de leur concentration mettent nos alliés russes dans l’impossibilité d’agir aussi promptement qu’il serait souhaitable.

Ils en sont encore à ln stratégie diplomatique. Leur ambassadeur à Constantinople ne désespère pas d’attirer la Turquie dans le sillage de la Triple-Entente. Lui-même, M. Bompard, nous dit que les conversations quotidiennes de M. de Giers avec le grand vizir prennent une tournure favorable. Le représentant russe estime qu’il serait possible d’entraîner la Turquie jusque dans une alliance effective, si on lui promettait qu’en cas de victoire finale on lui accorderait dans les Balkans des avantages territoriaux, sauf à dédommager, aux dépens de l’Autriche, Serbes. Grecs et Bulgares15. Si vraiment cette occasion d’entente est sérieuse, le 6ouvernement français ne veut pas, bien entendu, la négliger. M. Doumergue en renouvelle l’assurance à Londres comme à Saint-Pétersbourg. Mais l’idée de ces accords émane-t-elle du grand vizir ou de M. de Gien ? Est-elle acceptée par Enver Pacha ? Et qu’en diront les populations balkaniques ?

Toujours déconcertant par la multiplicité de ses improvisations, M. Sazonoff continue, d’autre part, avec des modalités changeantes, les négociations qu’il a engagées à Bucarest et à Rome. Notre ministre en Roumanie redoute que la Russie ne veuille pousser trop vite ces pourparlers et que