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qui auraient été envoyés en Autriche. Les troupes austro-hongroises seraient composées du corps d’lnnsprück et de Croates. Mais le comte Berchtold a formellement déclaré hier à M. Dumaine que le renseignement était faux. En tout cas, il n’y a pas d’Autrichiens, à l’heure présente, sur la frontière belge, ni sur la nôtre. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’yen aura pas demain. Croyez, mon cher président, à mes sentiments dévoués. » M. de Freycinet, dont la charmante et délicate politesse n’entend jamais être en reste avec personne, s’empresse de me remercier : « 11 août. Monsieur le président, je vous suis très reconnaissant et je vois que tout le possible, vous l’avez fait. Il ne reste plus qu’à attendre les événements. Ayons bon espoir. Tout mon respectueux dévouement. — C. DE FREYCINET.

L’observation de M. de Freycinet paraît exacte. Si la Russie, comme nous le croyons encore, a mobilisé dans la direction de la Galicie plus vite que dans celle de l’Allemagne, elle doit être en mesure de prendre, dès maintenant, l’offensive contre l’Autriche, sans même attendre la date indiquée par le grand-duc Nicolas. Bien que nous ayons recommandé, dans un sens comme dans l’autre, une action rapide, je prie M. Doumergue de demander à Saint-Pétersbourg s’il ne serait pas au moins possible à la Russie de marcher tout de suite contre l’Autriche-Hongrie. Nous ignorons, en effet, à cette date du 10 août, les ordres et contre-ordres qui, à la fin de juillet, ont conduit de la mobilisation partielle à la mobilisation générale l’état-major et le gouvernement de l’empereur Nicolas II14. Ce n’est que beaucoup plus tard