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haute impulsion, les diplomates et les états-majors ont institué une collaboration intime et confiante. Mais je voudrais voir les Russes, avec leurs quatorze corps d’armées mobilisés depuis le 26 juillet et leur cavalerie, franchir la frontière autrichienne et avancer dans le territoire. C’est le seul moyen d’empêcher — et peut-être est-il trop tard — l’Autriche d’envoyer plusieurs corps d’armée sur notre frontière, ce qui nous mettrait en état d’infériorité trop grande. Les Allemands peuvent déjà opposer vingt-trois corps à nos vingt ; l’accession des corps autrichiens fera trop pencher la balance. C’est pourquoi, sans incriminer en rien les Russes, je considère comme indispensable qu’ils se mettent en mouvement immédiatement. Pardonnez-moi mon insistance et agréez l’expression de mon respectueux dévouement. — Signé : C. DE FREYCINET.

Je réponds à mon vénérable ancien collègue13 : « Paris, le 11 août 1914. Confidentielle. Mon cher président, nous avons fait, à plusieurs reprises, la recommandation que vous croyez, si justement, nécessaire. Nous l’avons même adressée à la Serbie, en même temps qu’à la Russie et nous avons fractionné des avances d’argent importantes que nous avons faites à la Serbie pour être plus sûrs de voir nos conseils écoutés. Pour le moment, des renseignements du ministère de la Guerre, fournis par un certain nombre d’agents, il parait résulter qu’un corps autrichien ou deux tout au plus seraient venus au nord de Constance ou dans la direction de Fribourg pour remplacer les Bavarois