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embuscade, tiré des coups de feu sur les troupes allemandes et maltraité des médecins qui donnaient leurs soins aux blessés. D’autre part, des nouvelles venues de Metz signalent qu’à la frontière française des particuliers ont tiré sur des patrouilles allemandes. Il résulte de ces faits qu’aussi bien en France qu’en Belgique, on organise la guerre de francs-tireurs contre les troupes allemandes. Dès lors, nos adversaires ne pourront s’en prendre qu’à eux-mêmes, si la guerre est menée avec une rigueur inexorable. » Cette note est visiblement rédigée tout entière pour amener la menace finale. Je ne me représente pas très bien d’inoffensifs paysans belges s’attaquant, dans les campagnes wallonnes, à des bataillons de fantassins. En tout cas, dans l’Est de la France, il n’est pas un homme capable de servir qui ne soit mobilisé. Ce serait donc parmi les vieillards, les femmes ou les enfants que se recruteraient les francs-tireurs dont ose parler l’agence Wolff ; mais est-il sérieux de prétendre que, dans nos paisibles villages, les quelques personnes que leur âge ou leur sexe ont attachées à leurs foyers ont pris les fusils de chasse des absents pour jeter des grains de plomb sur les soldats ennemis ?

Notre ministre à Stockholm nous envoie cependant de nouveaux échantillons des fausses nouvelles répandues à foison par la propagande allemande. Dans un discours prononcé au Reichstag, le chancelier d’Empire a explicitement reconnu que l’invasion du Luxembourg et de la Belgique constituait une violation du droit des gens ; mais, a-t-il ajouté au milieu d’applaudissements unanimes, la nécessité abolit les lois, et la nécessité, c’est toujours, bien entendu, la menace d’occupation