Page:Poincaré - Au service de la France, neuf années de souvenirs, Tome 5, 1929.djvu/73

Cette page n’a pas encore été corrigée

dans la vie politique et dont les habitants me sont, en toute circonstance, demeurés si fidèles, c’est encore vous qui, les premières, allez souffrir pour la France assaillie.

À peine suis-je renseigné, d’ailleurs, dans ma geôle élyséenne, sur ce qui se passe au quartier général. Je m’en plains amicalement au ministre de la Guerre. Dans une lettre personnelle qu’il m’adresse ce matin, il m’affirme « sur l’honneur » ne rien savoir de plus que moi. C’est peu. C’est trop peu. Je m’entends avec lui pour que nos services de liaison avec Vitry-le-François fonctionnent plus vite et plus régulièrement. Ni M. Messimy, ni moi, nous ne songeons, bien entendu, à nous insinuer dans la conduite des opérations, ni à entraver la liberté du commandement ; mais comment le chef de l’État et le gouvernement peuvent-ils remplir tous leurs devoirs envers le pays, s’ils ne sont pas exactement informés ? Ni la Constitution ni la loi n’ont réglé les rapports des pouvoirs publics en temps de guerre. Encore moins ont-elles déterminé les relations de l’Exécutif et du Commandement. C’est donc expérimentalement, par des adaptations successives, qui exigeront la bonne volonté de tous, que nous allons être amenés à concilier le fonctionnement d’organes différents, mais également nécessaires à la vie nationale et à la préparation de la victoire.

Le général Joffre nous fait savoir que les Allemands ont pris des otages en Alsace et dans les villages français qu’ils occupent en Lorraine. Ils ont fusillé des civils. L’agence Wolff n’en publie pas moins un communiqué où elle intervertit les rôles: « Il résulte des rapports sur les combats livrés sous Liége que des habitants de la région ont, en