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se sont enfuis, à travers la Woëvre, jusqu’à Étain, où ils ont été charitablement recueillis et hospitalisés. Chose plus grave : les nouvelles qu’on nous a téléphonées hier de Belfort sont confirmées. Menacés par des forces considérables, les XIVe et XVe corps allemands, qui débouchaient de Mulheim, nous avons dû abandonner Mulhouse, dont la libération nous avait fait tressaillir d’une telle joie que nous repoussions comme sacrilège l’idée d’une séparation nouvelle. Nous nous sommes repliés sur la ligne Remingen — Altkirch. Notre VIIe corps, fortement bousculé, est, paraIt-il, en assez mauvais arroi. Peut-être aurait-on dû s’avancer avec plus de précaution dans une contrée où nous n’avons pas le droit d’apporter de fausses espérances, suivies de déceptions cruelles, et d’exposer les habitants aux représailles de leurs maîtres d’hier.



1. De Vienne, télégramme n° 166, 10 août.
2. De Pétersbourg, n° 385.
3. De Thérapia, n° 290.
4. De Bruxelles, nos 162 et 167.
5. De Bruxelles, 10 août, n° 157.
6. De Londres, n° 261, 10 août.
7. De Londres, n° 257.
8. De Thérapia, n° 289.
9. De Thérapia, n° 291.


Mardi 11 août

Le comte Szecsen est parti, en se félicitant des égards qui lui ont été, jusqu’à la dernière heure, témoignés par les autorités françaises et par la population parisienne ; mais entre l’Autriche et nous, la situation n’est pas sensiblement modifiée ; nos relations diplomatiques sont rompues ; nous ne sommes cependant pas en état de guerre. Ce régime indécis favorise l’Autriche, qui a ses coudées franches contre la Russie et dont la flotte indemne va pouvoir évoluer tout à l’aise dans l’Adriatique. Nous aurions intérêt à avoir nous-mêmes les mains libres. Pour peu que l’Italie ait encore des velléités de se rapprocher de l’Autriche et de signer avec elle quelque marché, notre abstention risque d’encourager ces trafics. En tout cas, si nous ne