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Office soit jaloux de conserver une liberté complète et qu’il préfère agir seul pour ne pas être exposé plus tard à un partage des territoires dont auraient été chassés les Allemands.

Sir Ed. Grey ne juge toujours pas très opportun de faire, dès à présent, à Constantinople, la démarche imaginée par M. Sazonoff7. Il semble pourtant de plus en plus probable que les Turcs ont d’ores et déjà l’intention d’ouvrir respectueusement les Dardanelles au Gœben et au Breslau. On simulera, au besoin, une vente pour avoir un prétexte de laisser les deux bâtiments franchir en toute liberté le seuil de Marmara. M. Bompard nous dénonce d’avance cette petite supercherie recommandée à la Porte par des officiers allemands8. Depuis huit jours, notre ambassadeur multiplie ses efforts pour maintenir la Turquie dans une sage neutralité. Mais les Ottomans, qui n’ont aucun parti pris contre la France, redoutent un succès de la Russie. Ce serait, à leurs yeux, la perte de Constantinople ou même une dislocation totale de leur empire. Il serait nécessaire, dit M. Bompard, de les rassurer à cet endroit9. M. Doumergue s’empresse d’agir à Saint-Pétersbourg. Il prie M. Paléologue de faire donner aux Turcs, par le gouvernement russe, les apaisements nécessaires.

La journée ne s’achève pas sans que nous apprenions de nouvelles incursions allemandes sur nos Marches de l’Est. Le préfet de la Meuse télégraphie que des habitants d’Aflleville (Meurthe-et-Moselle), terrorisés par l’incendie de leur commune envahie,