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encore nous ne soyons pas en mesure de répondre efficacement à l’appel du gouvernement belge, la chancellerie berlinoise continue à prétendre que, si la neutralité a été violée, c’est par la faute de la France et même de la Belgique : hypocrisie et cynisme dont nos voisins et amis ne seront pas les dupes. Le gouvernement royal soumet à la France, à l’Angleterre et à la Russie la réponse très digne qu’il compte envoyer à l’Allemagne : « La proposition que nous fait le gouvernement allemand reproduit celle qui avait été formulée dans l’ultimatum du 2 août. Fidèle à ses devoirs internationaux, la Belgique ne peut que réitérer sa réponse à cet ultimatum, d’autant plus que, depuis le 3 août, sa neutralité a été violée, qu’une guerre douloureuse a été portée sur son territoire et que les garants de sa neutralité ont loyalement et immédiatement répondu à son appel. » En remerciant le cabinet de Bruxelles de cette noble conduite, M. Doumergue télégraphie que la France n’attendait pas moins du courage et de la loyauté de la Belgique. L’esprit chevaleresque du peuple belge ne s’est jamais manifesté avec plus d’éclat qu’aujourd’hui. Dans toutes les provinces, les habitants s’associent aux résolutions du roi et du gouvernement. On a enregistré quarante mille engagements volontaires5.

D’Italie, rien de nouveau. M. Doumergue a vu M. Tittoni qui est resté impénétrable, hermétiquement fermé et muet comme une tombe, lorsque le ministre lui a parlé, avec de prudentes circonlocutions, des avantages certains d’une action commune. Plus aucune trace de la chaleur rayonnante