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eux dans l’intérêt de la paix générale et je n’ai jamais eu qu’à me louer de nos rapports officiels ou privés. Comme ce temps si proche paraît maintenant loin de nous ! Et comme on m’aurait étonné, en ces heures de confiance mutuelle, si l’on m’avait annoncé qu’un jour j’aurais à traiter en ennemis des hommes avec qui j’entretenais des relations si correctes, voire même si agréables ?

Mais revenons à la Belgique. C’est sur elle que restent anxieusement fixés les regards de la France. M. Klobukowski nous informe que le général Duparge s’est acquitté, ce matin, de la mission dont je l’avais chargé auprès du roi Albert et, dans la soirée, mon fidèle envoyé me rapporte, en effet, cet émouvant message : « Cher et grand ami, le général Duparge vient de me remettre la lettre si chaleureuse de Votre Excellence, ainsi que la médaille militaire française que le gouvernement de la République a bien voulu me décerner. Ce témoignage de sympathie me touche profondément. J’en exprime à Votre Excellence et au gouvernement français ma plus vive gratitude. Cette distinction il1ustrée par tant d’actes de bravoure m’est d’autant plus précieuse que je la considère comme un hommage rendu à l’esprit de sacrifice des officiers et soldats belges luttant pour la cause commune et sacrée de l’indépendance et de la liberté. Croyez, cher et grand ami, à mes sentiments affectueux et dévoués. — ALBERT. Louvain, le 10 août 1914. »

Mais voici que par Bruxelles nous apprenons une stupéfiante démarche de la chancellerie impériale de Berlin{{refl[4}}. Le ministre de Belgique à la Haye